26 septembre 2006

Sortir de la crise, n'empêche pas de communiquer


C’est un curieux mardi après midi que nous venons de vivre, et j’avoue que l’impression de relater une crise d’opérette commence à me traverser l’esprit. Vers 17 heures aujourd’hui le parti socialiste a publié un communiqué, qui à la première lecture, me donnait l’impression de mettre le feu aux poudres. Certes ,le VLD avait sans doute tiré le premier affirmant que Laurette avait autre chose à faire que de lancer des ultimatums, « il revient au PS de la convaincre de revoir sa politique concernant les criminels les plus dangereux » répétait donc Bart Sommers, anéantissant les efforts de ces dernières 24 heures. Mais la réponse d’Elio Di Rupo était tout aussi violente. En substance : le VLD ne fait rien pour sortir de la crise et tous les efforts socialistes restent lettres mortes. Le sous entendu était limpide : le VLD joue le pourrissement jusqu’au 8 octobre et les socialistes ne le laisseront pas faire : si la solution n’est pas trouvée rapidement Guy devra passer par le palais royal avant d’aller voter aux élections communales. Une heure et demi plus tard le cabinet de Verhofstadt répond par deux paragraphes : le premier ministre y reprend la main et donne le signal d’un déblocage ( il y aura une réunion avec les présidents de parti et les vice premiers ce mercredi matin). La tonalité est celle qui sied au premier ministre de tous les belges : le ton y est nuancé, le premier appelle au calme et reconnaît explicitement que le PS n’a pas posé d’ultimatum (une manière de désavouer Bart Sommers et de donner un gage u PS).
Sur le fond on ne voit plus bien ce qui poserait encore problème : dans le communiqué du PS il est en effet indiqué que Laurette Onkelinx propose de soumettre les libérations provisoires à l’approbation des victimes et de leur famille . Cela revient (sauf si l’on tombe sur une victime altruiste et généreuse, mais c’est rare) à ne plus accorder de libérations. De quoi satisfaire le VLD. Le fait que ce soit le PS qui propose publiquement le premier cette solution la rend acceptable par les socialistes.
Au total tout le monde sort gagnant : le parti socialiste a pu montrer sa virilité, dénoncer le double jeu du VLD, donner l’impression que les libéraux reculent et arguer que son intervention aura été décisive et salutaire. Le premier ministre peut signifier qu’il est toujours le chef d’équipe, que Laurette a effectivement revue sa politique de libération, qu’il est le seul capable d’imposer une solution et que son autorité s’impose à ses troupes comme à celle de ses alliés. Certes, à l’heure d’écrire ces lignes rien n’est ficelé, et le diable est dans les détails rappelle-t-on souvent. Mais si la sortie de crise se confirme, on aura assisté ce mardi après midi à un exercice de communication de très haut niveau : celui qui consiste à radicaliser son discours et à taper sur son partenaire en même temps qu’on ouvre le jeu (coté PS), à reconnaître ses torts et sembler céder alors que l’on obtient satisfaction (coté premier). Il était temps. Invités à déjeuner par la FEB ce mardi les membres du gouvernement ont pu entendre des patrons qui se demandaient à voix haute si toute cette polémique n’avait pas pour seul objet de nous distraire d’un débat budgétaire et politique moins bruyant mais plus fondamental.

Aucun commentaire: