14 octobre 2007

Leterme entre VLD et CDH

C’est une coalition de centre droit. L’orange bleue, très logiquement, prépare un accord de gouvernement qui se doit d’être le plus en phase possible avec les programmes politiques des formations qui la composent. Ce n’est pas simple sur le terrain communautaire, pour des raisons évidentes. Cela l’est un peu plus sur le terrain social et économique. Cela reste ardu pour l’éthique et les grands thèmes de société. Il n’est pas inutile de relire de temps à autres les programmes des uns et des autres pour deviner ce que la synthèse orange bleue suppose d’abandons et de retraites douloureuses. Mais la coalition avance. Ainsi sur l’immigration (premier accord) et sur la justice (négociation en cours mais avancée) l’orange bleue s’apprête-t-elle à mettre en place de nouvelles politiques qui vont rompre avec les habitudes violettes. C’est la conséquence logique des résultats électoraux : la Belgique est en train de glisser sur sa droite, pour reprendre l’idée du centre de gravité lancée par Didier Reynders.

Dans ce travail de traduction (il s’agit d’interpréter en politiques concrètes des résultats électoraux) l’open VLD et le CDH semblent s’opposer frontalement. Il faut reconnaître que l’accord immigration a permis aux deux formations de trouver un compromis acceptable et défendable par tous (chacun a pu apposer sa marque et le faire savoir). Cela semble plus délicat sur la justice et la sécurité, et Joëlle Milquet, Bart Sommers et Patrick Dewael sont à nouveau en première ligne.

Si les libéraux flamands et les centristes francophones s’opposent c’est bien pour une question de programme. Sur une échelle droite-gauche, le VLD est le parti le plus à droite de la coalition, le CDH le plus à gauche : CD&V et MR se retrouvent en position d’arbitre et ils ont jusqu’à présent plutôt consenti à se ranger du côté droit, isolant Joëlle Milquet. On peut parier que cela ne sera pas le cas sur tous les dossiers ( pour la santé, par exemple, il faudra suivre ce que le MR dit des fameux 4,5% d’augmentation annuels).
On peut envisager une autre raison, plus stratégique. MR et CD&V, de par leur positionnement idéologiquement mais aussi de par leur taille électorale, dominent la coalition. CDH et VLD, plus petits et surtout moins demandeurs, ont plus besoin que les deux « gros » d’obtenir des concessions de leurs partenaires pour imprimer leurs « marques » à l’accord de gouvernement, les faire savoir à leur électeurs et trouver ainsi une raison de participer à la coalition. Ce que semble avoir réussi Joëlle Milquet sur le communautaire et le droit d’asile, c’est ce que cherche maintenant le VLD sur la sécurité et la justice : une plume à son chapeau de négociateur. Cela explique les difficultés rencontrées par Yves Leterme. Vendredi soir le formateur s’est heurté à un VLD peu enclin à de nouvelles concessions. Ce dimanche, pas de répit : Yves Leterme travaille les deux « petites formations » de l’orange bleue pour tenter de trouver un compromis.
C'est sans doute une phase logique. Et on peut prédire que sur le plus sensible (BHV par exemple) c'est entre CD&V et MR que l'accord se dessinera. Les deux autres formations pourraient alors être priés de se rallier au compromis des gros, point à la ligne. A condition bien sûr que l'accord soir satisfaisant pour tous et d'avoir obtenu suffisament de plumes d'ici là.

Aucun commentaire: