05 mars 2008

Un peu d'énervement, beaucoup de postionnement


Les présidents de parti se retrouvent ce mercredi midi autour d’Yves Leterme pour discuter de la suite des évènements. Contrairement aux apparences la discussion ne devraient pas être si tendue qu’on veut bien le laisser penser.


Tous les partenaires autour de la table souhaitent rester dans l’attelage gouvernemental : ce souhait est un ciment dont Yves Leterme pourrait tirer parti. Leterme, Verhofstadt et Reynders se sont d’ailleurs vu lundi midi et personne n’a claqué la porte. Sur Bel RTL Jean-Michel Javaux, hier mardi, restait plus que prudent sur une éventuelle participation d’Ecolo. Si Olivier Maingain lors de l'interview sur la même radio ce matin continuait d’ouvrir la porte aux verts il démentait clairement toute velléité de Didier Reynders de débarquer Yves Leterme pour raison de santé ou autre. En revanche le président du FDF n’a pas caché qu’il souhaitait que le CD&V se contente de 3 ministres. Toute l’agitation de ces dernières semaines peut en fait s’expliquer par un double phénomène : un enchainement de déclarations et une guerre d’influence.


L’enchaînement part du retrait de la NVA. Difficile à accepter pour les plus durs du CD&V cela pose un défi électoral au parti d’Yves Leterme. Si le cartel se disloque la place de formation flamande numéro 1 est de nouveau en jeu et Jean Marie Dedecker est assuré de faire une belle progression. Le CD&V, sur un plan électora,l se devait donc de réagir, en soulignant par exemple que le retrait de la NVA n’était pas définitif et aussi en assurant ses électeurs que le programme communautaire n’était pas passé aux oubliettes. C’était logique jusqu’à un certain point, mais laisser dire au chef de groupe du parlement flamand que son parti, sans réforme de l’état conforme à ses désirs, quittait la majorité au fédéral relève de la confusion des genres. Entend-on côté francophone Serge Kubla et Maurice Bayenet dicter leur conduite à Didier Reynders et Elio Di Rupo ?


Le deuxième dérapage CD&V vient de Kris Peeters qui indiquait que faute d’accord il reprenait sa participation budgétaire. A Kris Peeters comme aux autres : un accord est un accord, et la participation budgétaire en question consiste seulement en un gel de montants transférés du fédéral aux régions. Remettre en question ce que l’on vient de signer la veille n’est pas une preuve d’un grand sens de l’Etat.


Troisième temps de la crispation : Didier Reynders accorde vendredi une interview dont il a le secret à La Libre Belgique où il remet la position d’Yves Leterme en cause. Sans doute le président du MR a-t-il été ulcéré par les menaces de Kris Peeters, mais on lui fera la même remarque : un accord est un accord, et ajouter une crispation à une autre ne semble, pour le citoyen lambda, pas franchement nécessaire.


Cette série de déclarations cache un vrai bras de fer sur l’équilibrage interne du futur gouvernement. Logiquement le CD&v est en position de réclamer un ministre supplémentaire (il se dit que cela aurait même été convenu lors des négociations bouclées par Guy Verhofstadt lors de la mise ne place du gouvernement intérimaire, mais je ne peux vérifier ce point avec certitude). Côté libéral on estime que le retrait de la NVA ne justifie plus ce 4ième maroquin.
Didier Reynders qui souligne que sa formation pèse à peu près la même chose que le CD&V réclame donc une compensation. C’est purement logique et arithmétiquement défendable.


Avec une limite : le MR ne pèse pas beaucoup plus que le PS, et bénéficie déjà de la présidence du sénat. Il faut donc arbitrer deux équilibrages : l’un entre francophones et flamands, l’autre entre partis francophones. Question subsidiaire : faut-il ajouter au calcul le poste de commissaire européen de Louis Michel qui court jusqu’en 2009 ? Si oui, le MR est alors déjà bien servi et ne pourrait plus espérer qu’un éventuel secrétariat d’état. Il n’est pas inutile de rappeler ces clefs de lecture pour comprendre ce qui se dira ce mercredi midi.

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