30 avril 2014

Gosuin fait le buzz malgré lui (et dit la vérité)



Didier Gosuin est un homme politique à l'ancienne.  Il a chauffeur, mais pas de compte twitter, pas de page facebook, je ne le vois que rarement un GSM en main. Sa seule concession à la modernité numérique est un blog qui compile ses sorties médiatiques, et dont je soupçonne qu'il est tenu par un collaborateur. C'est dommage pour lui, car indiscutablement l'homme a toutes les qualités pour être un roi du buzz. Le verbe haut, le sens de la formule, un voix forte (au sens physique du terme) une bonne élocution et surtout un positionnement politique unique. Bourgmestre d'Auderghem (impérial dans sa commune au point qu'on ne voit pas qui pourrait le déboulonner un jour), ancien ministre de l'environnement (sa matière de prédilection), bruxellois convaincu (il a une vision de la ville et de son avenir) et membre des FDF sans être pour autant obsédé par les matières communautaires (il incarne une ligne moins radicale  sur ces questions que celle d'Olivier Maingain et envisagea un temps de se présenter contre celui-ci avant de retirer  in extrémis sa candidature à la présidence du parti) Didier Gosuin a de la personnalité. Sa liberté de parole, sa verve  et un petit goût pour la provocation en font un excellent client en interview. Alors imaginez sur le net, s'il se laissait aller à taquiner du clavier...

Ce soir Didier Gosuin fait pourtant le buzz malgré lui. En cause une interview à Télé Bruxelles où l'homme n'exclut pas que les FDF soient un jour dans un gouvernement bruxellois où se trouverait également la NVA. De la part d'un FDF la déclaration est (d)étonnante. Au lendemain des déclarations de Charles Michel et Didier Reynders elle parait comme un fameux pied de nez. Et mon petit doigt me dit qu'Olivier Maingain n'est pas ravi de la sortie médiatique de son lieutenant.

Que dit Didier Gosuin en substance ? Qu'il ne peut pas exclure d'être un jour dans le même gouvernement  que la NVA parce qu'en tant que francophone il n'a rien à dire sur la composition de la majorité bruxelloise, côté flamand. Comme expliqué dans mon billet précédent si la NVA est en situation de blocage les francophones ne pourront pas la bouder très longtemps. Ce serait prendre la responsabilité d'une crise de régime. Et donc offrir les clefs d'une flandre indépendante sur un plateau. Il n'y aura d'autres solution que de travailler avec les nationalistes flamands si la démocratie en décide ainsi. Prétendre s'y opposer c'est mentir ou sortir du cadre constitutionnel. C'est vrai pour le fédéral. C'est vrai aussi pour la région bruxelloise. Pire même : à Bruxelles francophones et flamands ont pris l'habitude de négocier séparément. Les francophones  font leur majorité, les néerlandophones la leur, et on réunit le tout. Le système est à ce point pervers que les deux majorités n'en viennent à parler programme que dans la dernière ligne droite, autant dire quand c'est trop tard. Le poids du bi-communautaire (à qui l'on prévoit de confier les allocations familiales) devraient inciter les bruxellois à revoir d'urgence ce système de négociations séparées. En attendant Didier Gosuin a raison. La majorité flamande à Bruxelles est une affaire de flamands. Aucun francophone n'est donc en mesure de dire qu'il n'entrera jamais dans un gouvernement bruxellois où siègerait  la NVA. Tous peuvent le souhaiter. Aucun ne peut s'y opposer. 

Aucun commentaire: