23 octobre 2014

Quand c'est Magritte qu'on assassine, c'est la Belgique qui meurt


La culture c'est l'ensemble des connaissances acquises : avoir une grande culture scientifique ou littéraire , par exemple . Par extension la culture est ce qui relève des arts et du savoir. La politique culturelle : manière dont on gère les théâtres, les musées, les cinema, les bibliothèques , comment on partage la culture.

Ce matin  dans le journal Le Soir on apprend comment le gouvernement fédéral va faire des économies en culture. Certes l'essentiel de la culture relève des communautés mais  le  fédéral gère encore en direct quelques joyaux culturels : l'opéra de la monnaie, le palais des beaux-arts rebaptisé Bozar, le musée Magritte, les musées du cinquantenaire. Toutes ces instituons ont en commun d'être bilingues et située à Bruxelles.  Elles participent  à notre rayonnement culturel, car la culture c'est aussi une question de fierté nationale , de prestige, et même d'activité économique. Oui la culture est créatrice d'emplois. Pour Bruxelles la culture est un secteur particulièrement sensible, intiment lié à l'activité touristique. Je vous renvoie à mon billet du 14 octobre où j'expliquais que cela pourrait être une cible de la NVA. Il y a des jours où l'on regrette de ne pas se tromper, ce qui est annoncé aujourd'hui est même pire que ce que j'imaginais. 

En culture donc, le gouvernement Michel ne fait pas dans la dentelle :  d'après le Soir,   il impose une diminution de 20 % pour les frais de fonctionnement ( imaginez : un cinquième du budget) mais aussi des réductions sur le  personnel, la suppression de la coupole administrative commune à toutes ces institutions qui permet pourtant des économies d'échelle  et 30% en moins sur les  investissements. La culture d'accord, à condition qu'elle soit rentable. Vous pouvez remonter dans le temps, Molière sous Louis XIV, Mozart, avec Joseph II à Vienne,  Brueghel, peintre flamand, protégé par le gouverneur des pays bas, les bâtisseurs de cathédrales, les architectes de pyramides : la culture doit beaucoup aux  pouvoirs publics. 

Vous allez me dire la culture, c'est pas grave, on en meurt pas. Pourtant si les philosophes distinguent la culture de la nature c'est parce que la culture sépare  l'homme des animaux. Notre première culture est l'agriculture. S'attaquer à la culture c'est s'attaquer à ce qui nous élève. 

Pire , pour  les sociologues ou les ethnologues, la culture est ce qui est commun à un groupe d'individus. Le mode de vie, les valeurs, les religions, la manière s'organiser notre société, c'est de la culture. Quand on parle de bière et de baraque de frite, du sporting ou du standard, d'´avoir une brique dans le ventre ou d'aller à la mer, de Stromae ou de René Magritte on parle de la culture Belge. Notre culture nous ressemble et nous rassemble, viser la  culture d'une nation c'est la priver de sa empire et lui retirer sa carte d'identité. 

Alors c'est vrai toutes les cultures finissent par disparaître. Pour la culture de la maison Belgique, la NVA, sans surprise,  voulait accélérer la démolition. Le gouvernement Michel vient de retirer la première pierre. 



3 commentaires:

Anonyme a dit…

Il ne faut pas confondre le soutien à la culture et le soutien aux opérateurs culturels subsidiés. Dans le premier cas, on parle de ce qui fait la spécificité d'une communauté. Dans le second, il s'agit de gens payés par le contribuable pour se faire plaisir. Et qui en plus ont le bon goût de mépriser les "provinciaux" qui les font vivre.

Claudine Lenoir (Gaume, prov. Luxembourg) a dit…

Hadrien des ... a écrit :
"Dans le second, il s'agit de gens payés par le contribuable pour se faire plaisir. Et qui en plus ont le bon goût de mépriser les "provinciaux" qui les font vivre."
___

Je présume que vous vouliez parler de ces politiciens sur payés qui ne se refusent aucun luxe sur le dos du contribuable et qui prétendent nous représenter...

S'il faut réduire les coûts, réduisons donc celui de la structure politique. Je pense que l'urgence se trouve là et pas ailleurs.

Unknown a dit…

Ce n'est pas une première. Pour mettre un pays, une religion ou une culture à terre, il faut s'attaquer à ses racines et à sa culture. Ce qui fait ce que nous sommes aujourd'hui, un petit pays avec de grandes gens, c'est avant tout à ces saltimbanques d'artistes que nous le devons. Parce que si nous enlevons Brel, Magritte, Ensor, Adamo, Manneken Pis, l'Atomium, Arno, Stomae, Plastic Bertrand, Puggy et autres génies, qui nous a représenté sur scène internationale ? J'oublie ici la scène nationale et le plaisir d'aller au théâtre, au concert et à une expo. Amputer la culture, c'est amputer une partie de notre cerveau, couper nos jambes et nos bras et ne laisser qu'un infime partie de nous en se disant qu'elle survivra bien comme ça... Balancez vos albums photos de famille, jetez vos bijoux, et brûlez vossouvenirs. C'est ce qui va se passer à l'échelon national. Les nazis ont fait des buchers avec des livres. Tiens ?