09 décembre 2014

A Écolo, les couples se forment (lentement)

Ne dites pas aux écologistes que le temps passe et que rien ne bouge. Ne leur dites pas non plus qu'ils sont en train d'entrer doucement dans une période de campagne électorale. Officiellement,   il ne se passe rien. D'ailleurs l'opinion publique a les yeux occupés ailleurs : la reine Fabiola, les grèves à répétition, ou encore le black-out ou la Syrie. 

Et pourtant. Cette semaine déjà, le journal le Soir  a révélé une partie du rapport de  regénération dont des écologistes débattront ce vendredi en conseil de fédération. Fusionner  Ecolo et Groen, la grande et belle idée a déjà fait le tour des gazettes ce weekend. Derrière ce rapport c'est pourtant une autre question tout aussi fondamentale que les écologistes devraient se poser et qu'ils refusent pourtant obstinément d'aborder : qui incarnera leur projet ?

 "Dans la situation actuelle, nous n'avons pas le droit à l'erreur, l'enjeu c'est d'éviter de disparaître" commente, amer, un écologiste. C'est dire l'importance du scrutin interne annoncé. En coulisse les membres influents ne parlent donc que de ça : quel est le bon tandem pour trouver un nouveau souffle ? Dans la lumière  et face à un journaliste la question frise le tabou. "Nous avons convenu qu'aucune candidature ne serait mise sur la table avant que le rapport ne soit adopté", circulez il n'y a rien à voir.  

Vendredi l'adoption du rapport interne lancera pourtant ces hostilités que les écologistes s'acharnent à vouloir éviter. Ne leur dites que des candidats se profilent déjà, cela les ulcèrent. Officiellement personne n'est candidat. On réfléchit, on analyse, on discute. Officieusement la campagne est pourtant déjà bien lancée. Trois équipes au moins se préparent. Même s'il est possible que certains renoncent à se présenter au final.

Le premier tandem à s'avancer sur la place militante est celui que pourraient (le conditionnel est nécessaire) constituer le bruxellois Arnaud Pinxteren et la liégeoise Veronica Cremasco. Deux parlementaires régionaux qui font partie de la génération montante.  Avantage de l'équipage : ce ne sont pas des novices et ils occupent une position centrale, pas trop proches de la présidence sortante, pas catalogués comme opposants non plus, ils peuvent incarner ce qu'il faut de continuité avec une pointe de rajeunissement. Arnaud Pinxteren a reconnu ce mardi sur le plateau de Tele Bruxelles que le duo réfléchissait, mais que la candidature n'était pas formellement arrêtée. Surtout ne rien dire avant vendredi.  

Second tandem probable une équipe composée de Zakkia Khattabi et Patrick Dupriez. La députée fédérale bruxelloise alliée à l'ancien président du parlement wallon formeraient (toujours ce conditionnel) un duo plus à gauche et plus contestataire que le précédent. Il incarnerait la rupture et un parti plus en phase avec les fondamentaux militants, quitte à paraître plus radical et moins grand public pour l'électeur. 

Enfin, une troisième équipe peine à se former : celle d'Emily Hoyos. La co-presidente sortante devrait se représenter mais on ne sait pas encore avec qui (sauf que ce sera un Bruxellois comme l'exigent les statuts). D'après mes informations Benoit Hellings et Christos Doulkeridis ont été approchés et réservent leurs réponses. Hellings, qui s'était présenté contre Hoyos la dernière fois semble moyennement chaud et Doukeridis sait qu'il convainc plus facilement à l'extérieur qu'à l'intérieur de son parti. On parle désormais d'un troisième homme qui constituerait la surprise du scrutin. La puissance médiatique d'Hoyos étant largement contrebalancée par le syndrome "femme à battre" le colistier, quel qu'il soit,  sait qu'il prendra des risques.  

On en est là. Dans ce round d'observation ou tout se commente mais rien ne se confirme. Les élections sont programmées pour le printemps. Et même si les écologistes préfèrent toujours vous expliquer qu' ils  donnent la priorité aux grands discours, au programme et aux projets collectifs  ils ne peuvent oublier une réalité politique et médiatique qui s'impose à tous : celui qui incarne un parti a besoin de temps pour s'affirmer. Partir de nulle part pour des élections qui tomberont au plus tard en  2018 (on n'exclut pas que ce soit plus tôt) et qui risquent d'être très communautaires, ce n'est pas gagné. Déjà , Écolo semble inaudible dans les grands débats des dernières semaines (alors qu'on a abondamment parlé d'énergie ). Ce n'est pas la fable du lièvre et de la tortue, mais plutôt celle du loup et de l'agneau. A passer trop de temps sur la ligne de départ, on finit par être mangé avant même de se lancer.   
  

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