08 janvier 2015

Charlie Hebdo, quintessence de la caricature

Caricature :  représentation où on exagère les traits caractéristiques dans un but satirique. Le mot vient de l'italien caricatura qui veut dit charge. La caricature déforme la réalité.  Volontairement grotesque, laide, ridicule elle est utilisée dans un but humoristique ou à des fins de propagande. Les premières traces de caricatures remontent à l'antiquité, mais le genre connaît vraiment son essor avec l'apparition de la presse à grand tirage au début du XIXieme siècle.  Le premier grand caricaturiste c'est Honoré Daumier. Kroll, Dubus, Vadot sont nos caricaturistes d'aujourd'hui. 

Alors oui, la caricature est irrespectueuse. C'est sa raison d'être. Oui elle simplifie à outrance, oui elle est de mauvaise foi. Le verbe caricaturer nous éclaire bien : quand on caricature la position de l'autre, ça n'est pas très flatteur, ça veut dire qu'on manque de finesse ou d'honnêteté intellectuelle.  

Hier midi, je crois pouvoir dire sans caricaturer que la violence du coup nous laissa KO.  Stupeur, dégoût, incompréhension, compassion pour les victimes, colère contre les meurtriers. Ce matin encore il nous est difficile d'écrire  la tête froide. Écrire, dessiner, caricaturer, ce sont nos armes pour raconter le monde. Dénoncer des situations, exprimer des opinions,  c'est notre métier. Charlie Hebdo, journal fondé et dirigé par des caricaturistes en avait fait sa raison d'être et assumait d'être dans l'outrance, parfois dans le mauvais goût.

Parce que caricaturer ne doit pas nous empêcher de comprendre on rappellera que Charlie hebdo a publié, publie, et publiera encore des caricatures du prophète Mahomet. Dans l'islam on ne représente pas Dieu, c'est donc une offense. 
Ne caricaturez pas mes propos : comprendre ce n'est pas défendre et encore moins excuser. Cette pratique odieuse et lâche  qui consiste à régler tout débat par la Kalachnikov est une barbarie. Il faut que les meurtriers soient punis.  

 Il nous faut beaucoup de courage et de lucidité pour ne pas sombrer nous même dans la caricature. Ne pas oublier qu'il y a douze victimes, pas seulement des dessinateurs. Ne pas oublier que l'islam est dans son immense majorité une religion de tolérance, même si  une petite minorité la transforme en projet violent. Reconnaître que les jeunes radicalisés ne viennent pas de l'extérieur mais ont grandi chez nous. Comprendre que nous dresser les uns contre les autres est le projet des terroristes. 

J'ai peur d'être caricatural ou grandiloquent : c'est bien une forme de guerre qui nous est déclaré. Une guerre non conventionnelle, avec un ennemi invisible. On peut se crisper,  se méfier de tout et de tout le monde.  On peut aussi combattre la peur  et décider que cette guerre morale  c'est sur notre terrain, celui de la culture, de la liberté d'expression, du débat,  de la tolérance et  de l'humour, que nous allons la gagner.   

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