Au carrefour de la politique et de la culture... Belgique, Bruxelles, la communication, le pouvoir, les idées, le théâtre ou la musique ... le blog perso du journaliste Fabrice Grosfilley
17 décembre 2017
Gilad Hekselman électrise le nouveau jazz
01 octobre 2017
Parce que l'histoire n'a pas de sens
Après la décolonisation, la lutte des classes continue
30 septembre 2017
Shaï Maestro sublime Petros Klampanis
17 septembre 2017
Antoine Pierre acidifie son jazz à coup de boucles technos
30 juillet 2017
Un changement systémique
15 juillet 2017
Crise : le CDH et le coup des dominos
19 juin 2017
Le(s) principe(s) de Benoit Lutgen
10 juin 2017
La rivalité Mayeur-Close, quand c'est Laurel qui maltraite Hardy
04 juin 2017
Mårten Spånberg : la danse condamne la routine et l'ennui
01 mai 2017
Pourquoi Mélenchon ne donne pas de consigne, ou la tentation de l'abstention révolutionnaire
29 avril 2017
2002-2017, face à Le Pen, 15 années d'anesthésie générale
20h France 2 du 22 Avril 2002 - Le Pen au... par ina Pour vous convaincre de la différence de tonalité : le journal de 20h de France 2 du 22 Avril 2002
12 avril 2017
Kaurismäki : que fait l'Europe des réfugiés ?
Kaurismäki c'est un style. Une ambiance. Un humour. On adhère ou pas. De "Shadows in Paradise" à "J'ai engagé un tueur" (avec Jean-Pierre Leaud) en passant surtout par le déjanté et jouissif "Leningrad cowboys go America" l'auteur de ce blog avoue une affection particulière pour ce cinéaste finlandais, sa poésie, ses personnages largués, ses situations improbables et son humour teinté d'absurde. Dialogue minimaliste et look vintage donnent à son œuvre un côté désuet et hors du temps, comme si le cinéma de la nouvelle vague avait croisé celui de Jacques Tati.
05 avril 2017
Présidentielle : le débat qui ouvre les fenêtres
Philippe Poutou : "Fillon, que des histoires... par CNEWS .
01 avril 2017
Comment Manuel Valls a tué Hamon, Mitterrand et le PS d'un coup
C'est une histoire qui commence en 1971. Congrès d'Epinay. Francois Mitterrand réussit à agréger à la SFIO, la section française de l'internationale ouvrière, le parti de Jean Jaurès, sa propre organisation , la petite Convention des Institutions Républicaines, mais aussi des radicaux-socialistes, des micros partis de gauche, et des militants chrétiens. Une auberge espagnole se moque-t-on à l'époque. En réalité la naissance d'une famille politique capable de rivaliser tant avec la droite française encore imprégnée de l'empreinte gaulliste, et le puissant Parti Communiste Français, qui a la sortie de la guerre domine la gauche française de la tête et des épaules. La conquête du pouvoir va durer 10 ans. Le PS fonctionne comme un agrégateur de flux : la compilation de sources multiples permet de ne rater aucune tendance et de voir plus large. En 1974, il ne manque pas grand chose pour battre Valéry Giscard d'Estaing. L'union de la gauche, une percée aux législatives de 1978, le PCF s'affaiblit et le PS croît. Mai 1981, Francois Mitterrand est élu président de la république. C'est l'alternance. Et si on excepte la période d'union nationale autour du général De Gaulle à la sortie de la seconde guerre mondiale, la première fois en cinquante que la gauche française accède au pouvoir.
Nous sommes en 2017 la famille socialiste française se déchire. Elle a un candidat officiel, Benoit Hamont, désigné par les primaires. Elle a un candidat parasite, Emmanuel Macron, qui, depuis le début, a décidé de se présenter en marge du parti. Quand cette candidature hors appareil reçoit le soutien de députés, d'anciens ministres, et pour finir de Manuel Valls, lui même candidat à la primaire et donc signataire d'une promesse de ralliement derrière le vainqueur, signifie bien que le Parti Socialiste Français est un train d'imploser. Plus il y aura de ralliement de poids autour d'Emmanuel Macron moins le parti aura de raison d'être.
La grande force de Francois Mitterrand était de faire la synthèse. Couvrir un spectre qui allait des centristes au Parti Communiste. Avoir à la fois la nouvelle gauche de Michel Rocard et la gauche ouvrière de Pierre Mauroy. Le socialisme des grands idéaux de Robert Badinter, et celui de la proximité avec Gaston Deferre . Cela n'avait pas que des qualités. Il y avait des tendances, des courants, des soubresaut, des expulsions parfois, et surtout des combats d'éléphants. Il y avait le caractère énigmatique de Mitterrand, ambigu, séducteur, manipulateur. On ne disait pas toujours toute la vérité, mais le système avait le mérite de rassembler. Aujourd'hui le PS ne rassemble plus, il divise. Conséquence : il est dépassé à la fois sur sa gauche et sur sa droite. La leçon ne vaut pas que pour le PS français. Tout parti politique est un outil qui n'a de sens que s'il vise la victoire électorale, sinon mieux vaut s'investir dans un club de réflexion. C'est tout à fait respectable mais ce n'est pas le même objet. La pensée est un exercice individuel. La conquête du pouvoir une démarche collective. Ceux qui veulent retrouver une pureté de ligne au mépris du nombre et en excluant tout ralliement sont de ce point de vue aussi fautifs que ceux qu'ils accusent de dérive droitière. L'exercice de la démocratie suppose de convaincre l'autre par l'argument, les écrits ou la parole. Cela conduit à parler large et admettre le compromis. La pureté idéologique est un mythe révolutionnaire, tendance Danton, pas une réalité démocratique, surtout dans un pays de 60 millions d'habitants.
Manuel Valls en poignardant Benoit Hamon assassine donc François Mitterrand. Après 50 ans de durée de vie, le PS est devenu simple mortel. Logique, prévisible. Depuis 2002 on sait que la présence de la gauche au second tour n'est plus acquise. Que dans une société atomisée, en proie au doute, au chômage ou au déclassement social, la réponse social-démocrate ne paraît plus suffisante ou pertinente. Pas assez différente du simple statuquo conservateur. Que Manuel Valls signe un triple meurtre symbolique (Hamon, Mitterrand et le PS) et repique vers le centre, c'est son droit. Il est en revanche plus grave qu' un premier ministre, ancien ministre de l'intérieur déchire ses propres engagements. Bafoue des règles qu'il s'était engagé à respecter. Plus on martèle une promesse d'un ton martial moins elle est donc crédible. La démonétisation de la parole politique atteint son paroxysme. Par ces temps de populisme c'est criminel.